De 1851 à nos jours

Libération de Moulins (septembre 1944), fonds Séruzier, série Fi.
Libération de Moulins (septembre 1944), fonds Séruzier, série Fi.

Les mouvements libéraux et républicains apparus sous la Monarchie de Juillet et renforcés à la faveur de la révolution de 1848 trouvèrent dans le coup d’Etat du 2 décembre 1851 l’occasion de se manifester de nouveau. Ainsi l’Allier, et notamment la région du Donjon et de Lapalisse, put-il enregistrer un courant d’opposition au coup de force de Louis-Napoléon Bonaparte : la répression fut sévère et il y eut de nombreux Bourbonnais emprisonnés ou déportés. L’opposition ne disparut pas pour autant. Qui plus est, elle s’organisa progressivement pour constituer bientôt une force vive qui allait peser de tout son poids sur la vie politique bourbonnaise.

Entre temps, l’Allier avait connu une véritable révolution industrielle. On exploitait la houille à Noyant, Bézenet, Tronget, Montcombroux. Une grande concentration d’usines sidérurgiques avait vu le jour à Montluçon et Commentry. Le développement des canaux et, surtout, du chemin de fer, favorisait cet essor. De plus en plus nombreux, les ouvriers s’étaient organisés en syndicats. Parallèlement, le monde rural, et notamment les métayers qui constituaient un véritable prolétariat, commençait à prendre conscience de sa situation ; la personnalité de l’écrivain paysan Emile Guillaumin (1873-1951) devait bientôt donner force à ce mouvement. De cette évolution sociale les mouvements politiques les plus avancés allaient se nourrir. Et c’est ainsi que Commentry devint en 1882 la première municipalité socialiste du monde.

La radicalisation politique de l’Allier se poursuivit, s’enracinant toujours à la fois dans les campagnes et dans le monde ouvrier. Dès 1921 le parti communiste s’organisait. Ce sont toutefois les socialistes qui dominèrent la vie politique de l’entre deux guerres, et notamment les personnalités de Paul Constans, Isidore Thivrier et Marx Dormoy. Entre temps, le paysage industriel s’était transformé : la sidérurgie et la houille régressaient peu à peu tandis que se développait l’industrie chimique.

Que retenir d’autre du XIXe siècle bourbonnais ? Dans le domaine intellectuel, le romantisme connut de grandes figures, en particulier celle de l’écrivain Achille Allier. Moulins vit naître le poète parnassien Théodore de Banville en 1823. L’art néo-classique nous a laissé la mairie et le théâtre de Moulins. Monseigneur de Dreux-Brézé fit œuvre de constructeur, faisant édifier dans le style néo-gothique la cathédrale de Moulins, en prolongement de la collégiale des ducs, et aussi l’église du Sacré Cœur de cette même ville : la même période vit bâtir l’église métallique Saint-Paul de Montluçon, véritable symbole pour une ville en pleine révolution industrielle. On ne saurait oublier l’historien d’art Emile Mâle, né à Commentry en 1862, les musiciens André Messager né à Montluçon en 1853 et Louis Ganne, né à Buxières-les-Mines en 1862 ou encore, plus près de nous, les écrivains Charles-Louis Philippe né à Cérilly en 1874 et Valery Larbaud qui naquit à Vichy en 1881. Parallèlement, le thermalisme a connu un nouvel âge d’or avec les séjours de Napoléon III et de l’impératrice à Vichy ; la ville s’embellit alors considérablement pour prendre peu à peu le visage qu’on lui connaît. Les stations de Bourbon et de Néris suivent l’exemple de la reine des villes d’eau.

La guerre de 1939-1945 touche l’Allier tout particulièrement. La ligne de démarcation coupe en effet le département ; à Moulins, le pont Régemortes constitue son passage. Pendant ce temps, Vichy a vu s’installer le nouveau régime. De nos jours, l’Allier a été rattaché à la région Auvergne. La population était de 343 114 habitants en 2007. L’économie rurale repose avant tout sur l’élevage du charolais, la viticulture autour du célèbre vignoble de Saint-Pourçain et une certaine polyculture. L’industrie vit une période de profondes mutations. Les trois principales agglomérations du département ont des caractères très différents. Moulins est avant tout une ville administrative et commerçante, Montluçon a gardé sa tradition industrielle et Vichy, tout en jouant la carte du thermalisme, est devenue une ville de congrès et de manifestations sportives et culturelles.


(extraits actualisés de l’ouvrage de M. Maréchal, Guide des Archives de l’Allier, Yzeure, 1991, 510 pages)

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