L’Ancien Régime

Sitôt les Etats de Bourbon réunis à la couronne, la royauté y implante son administration, ainsi qu’elle a toujours fait au lendemain de la réunion d’un grand fief. Seule la partie centrale des anciens Etats, en l’occurrence le Bourbonnais, retient désormais notre attention. C’est donc tout d’abord le gouvernement qui est créé en 1532. Vient ensuite, en 1551, le présidial de Moulins. Plus tard, en 1587, on constitue la généralité de Moulins qui englobe le Bourbonnais, une partie du Nivernais et une bonne portion de la Marche. Au XVIIe siècle, enfin, les rois vont créer l’intendance de Moulins, avec la généralité pour ressort.

Quelques épisodes des guerres de religion méritent d’être mentionnés. C’est tout d’abord, en 1562, le siège de Moulins par une armée protestante : la ville résiste aux assaillants qui doivent lever leur siège. En 1566, le roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis séjournent à Moulins ; c’est à cette occasion qu’est promulguée la célèbre ordonnance, essentiellement consacrée au fonctionnement de la justice. Enfin, une bataille a lieu en 1568 à Cognat, qui voit s’affronter les forces ennemies. La Contre Réforme s’accompagne en Bourbonnais de nombreuses fondations de couvents : Bernardines et Ursulines, Chartreux et Minimes s’établissent ainsi à Moulins, Montluçon ou Gannat. Parmi ces couvents il convient de citer avant tout la Visitation de Moulins. Madame de Montmorency, assignée à résidence à Moulins après la décapitation du connétable, vient en effet s’y retirer et elle y fait édifier le mausolée de son époux ; quant à sainte Jeanne de Chantal, grand-mère de Madame de Sévigné et fondatrice de l’ordre des Visitandines, elle meurt dans son couvent moulinois. Le règne de Louis XIII s’achève à Moulins dans les troubles : une émeute fiscale a en effet éclaté dans la ville en 1640 et la population connaît alors une période dramatique.

Les XVIIe et XVIIIe siècles ne transforment pas fondamentalement le Bourbonnais. Certes, le thermalisme, à peu près tombé dans l’oubli depuis l’Antiquité, connaît un nouvel essor : Vichy et surtout Bourbon-l’Archambault accueillent ainsi Madame de Sévigné, Madame de Montespan – qui meurt à Bourbon – Scarron, Boileau venus y prendre les eaux. De même, le réseau de voies de communication s’améliore quelque peu : la construction, au milieu du XVIIIe siècle, du pont de Moulins en est le plus bel exemple. Les villes connaissent quelques transformations, notamment Moulins grâce à une politique d’urbanisme voulue par les intendants. Enfin, il se crée çà et là de petits établissement industriels : exploitation du charbon à Noyant, verrerie de Souvigny, forges de Messarges et de Tronçais. Mais ce ne sont pas là de profondes mutations : le Bourbonnais vit alors deux siècles de relatif immobilisme.

Dans le domaine intellectuel ou artistique, il y a bien moins à dire qu’à l’époque précédente. Le Bourbonnais compte peu de grands châteaux classiques, si l’on excepte le Creux à Vallon-en-Sully, Lévis à Lurcy-Lévis, Souys à Saint-Menoux où séjourna Madame de Montespan ou encore Pomay à Lusigny. De beaux hôtels classiques édifiés à Moulins évoquent l’aisance de quelques notables. Quant à la chapelle de la Visitation de Moulins, dont le plafond fut peint par Rémy Vuibert, elle abrite toujours le mausolée du connétable, œuvre due au ciseau de plusieurs sculpteurs dont le moulinois Regnaudin. Le Bourbonnais voit naître quelques gens de lettres comme le poète Jean de Lingendes, et plusieurs artistes : on mentionnait à l’instant Regnaudin auquel il convient d’ajouter les deux peintres de Sève et le sculpteur Philibert Vigier. Citons encore le musicien Dauvergne, natif de Moulins.

En 1780, l’administration royale implante en Bourbonnais une assemblée provinciale, dissoute dès l’année suivante. L’institution est cependant recréée en 1788 et doublée d’une commission intermédiaire. Son rôle, qui aurait pu être plus important si les événements qui se préparaient n’étaient survenus, resta donc éphémère.

(extraits actualisés de l’ouvrage de M. Maréchal, Guide des Archives de l’Allier, Yzeure, 1991, 510 pages)

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