Voir aussi : Procès-verbal du 7 août 1761

« Ce jourdhuy, vingt-sixième juillet 1761, la communauté du prieuré de Saint-Pierre et de Saint Paul de Souvigny estant assemblée, le Rév. Père Dom Pierre Blandin, souprieur, auroit représenté à la dite communauté, que, le même jour, à l’issue de la grand’messe, les officiers de la Justice, accompagnés des habitans de la ville de Souvigny, lui auroient représenté la perte qu’ils auroient soufferte jusqu’à ce jour, et dont ils étoient menacés dans l’avenir, par la grande sécheresse, qui, ayant commencé au mois de janvier, ne faisoit qu’augmenter de jour en jour. Ils lui auroient demandé, en conséquence, de faire dans notre église des prières publiques pendant neuf jours consécutifs, à six heures du matin, si cela se pouvoit, et, pendant les dites prières, exposer les chefs de saint Mayeul et saint Odile.

La chose mise en délibération, il a été arrêté unanimement que l’on feroit les dites prières, et qu’on exposeroit les dites reliques.

Le second jour d’aoust de la même année, les susdits s’étant derechef présentés auprès dudit souprieur, Dom Pierre Blandin, pour lui demander une procession générale avec port desdites reliques, la matière mise en délibération, il a été arrêté unanimement que l’on feroit ladite procession générale le mardi quatriesme jour dudit mois, qu’elle seroit dirigée à l’église de Saint-Menoux, à condition toutefois que la bourgeoisie se mettroit sous les armes. Et s’est chargé ledit Dom Pierre Blandin, souprieur, à l’instigation de ladite communauté, d’en avertir, dès le même jour, Madame l’abbesse et Monsieur le curé de Saint-Menoux.

Le quatriesme jour d’aoust, après les prières commencées, les religieux composant la communauté de Souvigny sont sortis de leur église vers les trois heures et demy du matin, accompagnés d’un nombre considérable d’hommes et de garçons sous les armes, auxquels s’étoient joints plusieurs habitans des paroisses voisines aussi sous les armes, ce qui fesoit environ trois cents hommes. Venoient ensuite presque tous les habitants de Souvigny, et beaucoup de paroisses circonvoisines.

Les Chefs de saint Mayeul et saint Odile étoient portés par huit hommes à ce destinés, revêtus d’aubes et de tuniques, et qui se relevoient de temps en temps, par rapport à la longueur du chemin, la procession continuant ainsi en chantant des hymnes et des psaumes.

A environ une demy lieue de Saint-Menoux, a paru et s’est joint à nous le curé de la paroisse, à la tête de ses paroissiens, faisant porter la croix, la bannière et les Chefs de saint Menoux et de saint Blaise, et la statue de la Sainte Vierge, et plusieurs de ses paroissiens aussi sous les armes. Lequel curé se seroit approché du Rév. Père souprieur de Souvigny, et, lui portant la parole, a prononcé un petit discours sur le motif de cette procession, qui étoit d’intercéder le crédit des Saints et de la Sainte Vierge, pour obtenir une pluie abondante qui rendroit la fertilité à la terre et feroit cesser la désolation générale, si c’étoit la volonté de Dieu.

Auquel discours le Révérend Dom souprieur auroit répondu par un autre discours sur le même sujet, après quoy la procession a continué, dirigée toujours vers l’église de Saint-Menoux, à l’entrée de laquelle nous avons été reçus honorablement, toutes les cloches sonnant.

Ensuite a été célébrée par le Rév. Dom souprieur, dans la même église, une grande messe chantée par les dames religieuses de l’abbaye. La messe et quelques prières achevées, nous sommes sortis de l’église de Saint-Menoux, dans le même ordre, accompagnés du susdit curé et paroissiens de Saint-Menoux, qui nous ont reconduit, par le même chemin, jusqu’à la même distance où ils étoient venus nous prendre.
La séparation faite et le salut ordinaire, nous avons continué la procession en chantant les Litanies de tous les Saints. Nous sommes entrés dans l’église des religieuses bénédictines de Souvigny, où, après quelques antiennes chantées par les dites religieuses, nous sommes rentrés dans notre église où les Litanies se sont finies. Ainsi ont fini les prières et la procession, où, dans un grand concours de peuple, tout s’est passé avec beaucoup de décence, de dévotion et d’édification. En foy de quoy j’ai dressé et signé le présent procès-verbal, ce sept aoust mil sept cent soixante-un. P. Jalmus, secrétaire. »

(J. J. Moret, Notes pour servir… t. III pages 235-238)

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