1 - Les mots du deuil

	Source : Revue L’Illustration, n° 4000 du 1er novembre 1919, dessin de L. Pouzargues. Cote : FRAD003_JAL_67_10 aux Archives départementales de l’Allier
Source : Revue L’Illustration, n° 4000 du 1er novembre 1919, dessin de L. Pouzargues. Cote : FRAD003_JAL_67_10 aux Archives départementales de l’Allier

Que sait-on de la douleur intime des familles des soldats morts à la guerre ? Les sources sont peu nombreuses et restent très discrètes sur le sujet du deuil privé, de la douleur individuelle. Les historiens ont plus l’habitude de travailler sur le deuil collectif (voir panneaux ci-contre) à travers les données chiffrées, les photos et la presse. Mais comment rendre compte de la souffrance psychique des parents perdant un fils, voire plusieurs, mort(s) à vingt ou trente ans ? Que dire du vide laissé par un mari, un jeune père de famille ? Ce qu’on en sait aujourd’hui tient dans ces lettres ou petits carnets écrits au crayon à papier, dans la copie d’un jugement de pupille de la Nation, ou celle d’un conseil de famille réglant le statut des veuves et tous ces avis de décès soigneusement conservés depuis 100 ans dans les armoires familiales.

AVIS D'OBSEQUES OFFICIELS

Les familles endeuillées choisissent ou non de rendre public leur deuil. Souvent il s’agit d’un avis d’obsèques diffusé dans la presse locale comme ici pour les familles d’Etienne Bréat et de Louis Aumaître, ci-dessous. 136 avis d’obsèques concernent des soldats morts à la guerre dans le journal Le Courrier de l’Allier durant l’année 1918 (décompte effectué de janvier à décembre 1918 sur les 722 pages du journal Le Courrier de l’Allier, cote : JAL_018_150-151)

Parfois, les avis sont plus solennels comme ces faire-part de décès de l’abbé Gaston Vérillaud, et du Lieutenant René de Vauchaussade de Chaumont

DES DOULEURS COUCHEES SUR PAPIER

Le soldat Claude Désormière, de Nizerolles, perd son neveu, tué à la guerre en septembre 1915. Dans son journal, il écrit sa douleur intime.

Sources : Mmes Solignat et Blanchard, cote : FRAD003_01_NUM_0061_carnet_27_023

Je vois d’ici toute l’étendue et l’affreux désespoir de ton père, de ta mère, de ton frère, de nous tous qui t’aimions. La certitude de ta mort glorieuse m’a trouvé les yeux secs, je n’ai pas pu pleurer, mais mon vieux cœur de parrain se sent vide, douloureux et désemparé !! Je ne te verrai plus me sourire, comme à un vieux camarade !»

Le capitaine Charles René Goetschy, de Néris-les-Bains est « mort pour la France » le 18 juillet 1918.

Son père est jugé trop fragile pour être prévenu de la nouvelle. Pour continuer à cacher à Jean-Charles Goetschy la mort de son fils, sa belle sœur recommande à sa nièce Léontine de ne pas porter le deuil devant lui :

ton père croit bien qu’il est prisonnier (…) quand vous rentrerez dans la chambre (…) de poser toujours nos chapeaux sa il le remarquerais mais les habits il n’y fait pas attention

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