4 - Les anciens combattants

Ils ont des droits sur nous. Ils veulent qu'aucune de nos pensées ne se détourne d'eux, qu'aucun de nos actes ne leur soit étranger. Nous leur devons tout, sans aucune réserve.

Clemenceau au Sénat le 20 novembre 1917

DEFINITION DU TERME "ANCIEN COMBATTANT"

« Pour désigner cet homme nouveau il fallait des mots. Ce ne furent pas partout les mêmes. Les différences visibles et reconnues officiellement se traduisirent par des termes propres : « mutilé », « réformé », « blessé », "disabled", "Kriegbeschädigter" (mutilés de guerre). Mais comment nommer ceux chez qui le « baptême de la guerre n’a pas laissé de traces apparentes ? (…)On inventa donc l’expression intraduisible « ancien combattant »(…) L’Allemand utilise soit "Frontsoldaten", soit "Kriegsteilnehmer", littéralement «ceux qui ont participé à la guerre » ; les deux faces d’une même réalité éclatent entre une désignation belliqueuse qui reste au présent et une désignation minimale. « Ancien combattant » ne réfère ni directement à la guerre ni à l’armée, que les intéressés détestent d’ailleurs toutes les deux. Revendiquer ce titre est seulement affirmer que l’on a fait quelque chose qui compte, combattre, et que cela appartient au passé. »

Sources : Antoine Prost, dans Les anciens combattants, article publié dans l’Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, sous la direction de Stéphane Audouin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, Bayard, 2004.

DES FRERES D'ARMES AUX ASSOCIATIONS D'ANCIENS COMBATTANTS

6 441 000 soldats[1] ont survécu-parfois peu de temps il est vrai- à la Grande Guerre mais ils restent à jamais meurtris physiquement et psychiquement. A cela s’ajoutent souvent des difficultés administratives et matérielles. S’organiser en associations avec d’anciens « frères d’armes » devient un besoin essentiel.

Pour l’Allier, citons entre autres exemples l’Association générale des mutilés de la Guerre (AGMG), l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC), l’Union Nationale des Combattants (UNC), la Fédération départementale de l’Allier des associations des mutilés, réformés, blessés et anciens combattants de la Grande Guerre, de leurs veuves, orphelins et ascendants. Des groupes plus restreints existent aussi comme « La Brame » centré sur Commentry.

[1] [1] Chiffres d’Antoine Prost, dans Les anciens combattants, article publié dans l’Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, sous la direction de Stéphane Audouin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, Bayard, 2004.

Affiches et tracts d'associations d'anciens combattants bourbonnaises

Exemples d'actions de l'association générale des mutilés de guerre dans l'Allier

L'association générale des mutilés de la guerre (AGMG) se soucie du chômage dans le bassin minier de l’Aumance (voir son rapport du 10/03/1922). Elle oeuvre à la protection des veuves et ascendants en luttant contre les expulsions locatives (voir courrier ci-dessous du 22/10/1923).

La réhabilitation des fusillés de Vingré :

Les bourbonnais Jean Quinault, Pierre Gay et Claude Pettelet ont été fusillés « pour l’exemple » à Vingré, dans l’Aisne, le 4 décembre 1914.

Voir rappel de l'affaire ici

Après leur réhabilitation par la Cour de Cassation le 18 février 1921, les anciens combattants de l’Allier veulent que la justice aille jusqu’au bout. C’est le sens de la manifestation à Montluçon du 6 novembre 1921 :

il s’agit pour les anciens soldats de l’armée du droit d’affirmer par leur présence leur désir formel de voir châtier tous les coupables et de rendre impossible à l’avenir des erreurs de ce genre

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