2 - Prisonniers de guerre français

LA PERCEPTION DES PRISONNIERS DE GUERRE FRANCAIS

Pour compléter la rubrique Les Prisonniers de guerre il est proposé ici de s'attarder sur l'image qu'ils renvoient pendant et après la Première Guerre mondiale. Vous pouvez également retrouver les parcours individuels de plusieurs Poilus bourbonnais prisonniers de guerre en Allemagne : Jean Boulon de St-Rémy-en-Rollat, Félix Delaurat d'Escurolles, Jean Sennepin de Chézy, l'abbé Auguste Limagne de Montluçon, Louis Valette de deux-Chaises.

Les prisonniers de guerre suscitent plusieurs sentiments de la part de leurs contemporains : peur et pitié principalement mais ils percoivent également un certain malaise voire un soupçon d'avoir été un mauvais combattant.

Il est donc primordial pour les anciens captifs et pour leur famille de rappeler leurs souffrances et de défendre leur honneur.

La peur

Les soldats français craignent d’être maltraités une fois capturés par les ennemis. Joseph Salvin, de Désertines, écrit du front, à sa femme Anaïs à propos du sort incertain d'un homme prisonnier dont l'épouse est sans nouvelle :

La mort est préférable à des tortures semblables,
à leur retour il seront dans un piteux état
que de soins leur seront nécessaire et beaucoup ne pourront plus s'en remettre.

La pitié

A l'instar de ce dessin de la revue L'illustration de novembre 1918, la plupart des Français pense qu'il vaut mieux être un prisonnier allemand en France qu'un prisonnier français en Allemagne.

Ainsi, Noémie Melin ayant vu revenir quelques prisonniers français, estime qu’ils ont été plus mal traités par les Allemands que les prisonniers allemands n’ont été traités en France. Voir sa lettre ci-dessous du 11/12/1918.

Quelle race de gens sont donc ces Allemands !et dire que ceux qui sont chez nous sont si heureux.

Soif de vérité

C’est au retour de sa captivité que le Père Limagne prend la plume. L’ouvrage En captivité est rédigé dans les deux premiers mois de l’année 1918. Dans son ouvrage, le Père Limagne évoque le sort des civils belges et les “camps secrets”, c’est-à-dire, en fait, la mise au secret d’un certain nombre de prisonniers qui connaissent un sort des plus terribles.

« Ceux-là n’écrivent point, ne reçoivent rien de leurs parents, vivent de la vie la plus affamée, la plus misérable, la plus révoltante qui puisse être infligée à une créature. Quand ils sont dans un camp régulier, ils peuvent écrire. Mais les parents sont restés six, huit ou douze mois sans nouvelles. Ils n’en auront jamais si leur fils est tué. Ils croiront qu’il a été tué sur le front. Ils ne se tromperont que de côté. Ce qu’ils ignoreront, c’est la torture morale qui pour lui s’est ajoutée à la torture physique de la blessure, de l’abandon, de la mort. »

Le père Limagne décède le 21/074/1917 des suites d’intoxication aux gaz.

Source : Extrait de l’article de Daniel Moulinet, Bulletin des Amis de Montluçon, n° 68, pp115-136, 2017. (Cote : FRAD003_PER-U_9_16)

Soif de justice

Dès leur retour de captivité, les prisonniers de guerre n'ont de cesse de faire reconnaître leur qualité d'ancien combattant.

Exemple emblématique, il leur a fallu attendre 1922 pour que l'Etat leur accorde la mention "Mort pour la France".

Ce sentiment au mieux d'oubli et au pire de mépris est bien exprimé dans l'article ci-contre daté de 25/11/1923,

extrait de la revue "Lettre mensuelle de la Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre

(cote : 63 J 59, fonds des asoociations des anciens combatants et vicimes de guerre de la région de Vichy)

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