4 - Réfugiés de guerre

L’Illustration, n° 3906, 12/01/1918 , cote : AD 03 JAL_67_08
L’Illustration, n° 3906, 12/01/1918 , cote : AD 03 JAL_67_08

En France, le nombre des réfugiés a constamment augmenté tout au long de la guerre, les retours derrière la ligne de front étant impossibles[1]. Dans l’Allier, la préfecture demande aux maires de recenser les réfugiés [2] Ces populations exténuées sont accueillies en gare, par exemple à Moulins en juin 1918 et dirigés vers des centres d’accueil comme le château d’Avrilly à Trevol, propriété du comte de Chabannes.

Sources : Archives départementales de l’Allier, dossiers de la préfecture relatifs à l’accueil des réfugiés (cote : 8 R 9 et 16)

[1] En France 500 000 personnes début 1915 à 1 000 000 en décembre 1916 puis reprenant une forte croissance de février à juillet 1918 suite à l’avancée allemande pour atteindre 1 850 000 en septembre. Source : Philippe Nivet, Les réfugiés de la Grande Guerre. Les boches du Nord, Economica, 2004

[2] 16258 réfugiés en décembre 1917, 20000 en août 1918 puis 19000 en décembre 1918. En 1916, ils représentent 2% de la population sur l’arrondissement de Moulins. En 1919, ils sont encore 1800 réfugiés sur cet arrondissement.

Le recensement des réfugiés

En 1919, le préfet de l'Allier demande aux maires du département de lui fournir le nombre des réfugiés accueillis dans leur commune. Voici ci-dessous, quelques exemples par arrondissement.

L'arrivée des réfugiés en gare

Le 3 juin 1918, accueil de « 450 évacués » en gare de Moulins signalé dans La Croix de l’Allier, 9 juin 1918. La moitié d’entre eux dirigé vers Gannat, Lapalisse et Cusset, les autres dans la région de Moulins dont 36 élèves et professeurs d’un pensionnat catholique accueillis au château d’Avrilly à Trevol par le comte de Chabanne. Le 7 juin, ce sont "500 habitants de la région du Nord" qui sont accueillis en gare par le préfet de l'Allier. Voir les articles ci-dessous du journal La Croix de l'Allier.

Noyant d'Allier : terre d'accueil des mineurs

La commune minière de Noyant accueillit un grand nombre de réfugiés.

Originaires des départements du Pas-de-Calais, du Nord et de la Meuse, ils étaient majoritairement mineurs de profession.

Ils ont logiquement trouvé du travail dans les mines de la commune.

Environ 350 réfugiés sont décomptés le 1er mai 1918. En mai 1920, ils sont encore 13 dans la commune.

Sur le recensement de 1921, on retrouve des réfugiés du Pas-de-Calais comme la famille Léquilbec, originaire de Lens (voir ci-dessous).

Source : Archives de la commune de Noyant-d’Allier, déposées aux Archives départementales de l’Allier, (cote 208_ED_4_H_4)

La reconnaissance du travail des personnels d'accueil du service des réfugiés

En 1919, le personnel préfectoral affecté à l'accueil des réfugiés se voit récompensé pour son dévouement.

Ainsi le sous-préfet de Gannat propose au préfet de récompenser Octave Barthoux, fonctionnaire travaillant sous ses ordres, qui « s’est occupé activement du service des Réfugiés » notamment pour les questions de leur placement dans les communes et Léopold Van Severen, réfugié belge ayant fait office d’interprète « auxiliaire précieux »

Un retour difficile des réfugiés vers leur région d'origine

Parfois, la région d’origine des réfugiés est si dévastée que leur retour doit être retardé.

Ainsi, le préfet de l’Allier reçoit en 1919 un certain nombre de réponses de ses collègues de l'Aisne, de la Marne et du Nord peu engageantes.

Le rapatriement des corps des réfugiés dans leur région d'origine

De retour chez eux, les réfugiés cherchent à rapatrier les dépouilles des membres de leur famille morts et enterrés dans les départements d’accueil. Le service des réfugiés de la préfecture de l'Allier demande aux maires du département de recenser les corps des réfugiés de leur commune.

La prise en charge par l’Etat de ces opérations avec la loi du 31 juillet 1920 va accélérer grandement le processus. Ensuite, c’est aux maires de veiller aux exhumations et transferts, comme ici à Moulins en 1921.

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