9 - La difficile prise en charge médicale des blessés mentaux
L'internement en dernier recours
Il est difficile d'évaluer le nombre de traumatisés psychiques qui ont regagné leur foyer après la guerre.
Il est encore plus difficile d'appréhender les difficultés vécues au sein des familles.
Cauchemars, sautes d'humeur, dépression.
Parfois cela devient trop difficile, le médecin de famille prend alors le relais pour demander l'internement avant que le malade ne devienne un danger pour les siens.
Le Dr Zentler de Marcillat s’adresse ainsi au secrétaire d’une association d’anciens combattants et victimes de guerre de la région de Vichy pour demander l’internement d’Alfred Saurne, un ancien soldat atteint de « folie ambulatoire avec mutisme ».
Selon lui cet homme « passe des journées entières à lire des romans criminels et se sauve la nuit. En rentrant il fait des scènes à sa femme et la menace de coups de poings ».
La famille inquiète demande au médecin d'entamer les démarches vers un internement "de crainte qu'il ne devienne furieux".
A retenir surtout qu'Alfred Saurne est avant tout "une victime de la guerre"
Les meilleurs soins ?
Le 19 décembre 1924, l’amicale des mutilés de l’arrondissement de Montluçon écrit au préfet afin de l’inviter
« à étudier pour les ex-militaires internés à Yzeure pour aliénation ou troubles mentaux des traitements appropriés, effectifs, inspirés au besoin de ceux pratiqués à la clinique mentale du Dr Toulouse à Paris ».
Ces anciens soldats se disent préoccupés du sort de leurs camarades « au même titre que les hospitalisés pour d’autres causes de la guerre ». Ils estiment qu’ils sont, « de par leur internement, retranchés du reste des vivants »
Le Dr Ricoux, le directeur-médecin de l’établissement, proteste en assurant que
« ces malades sont dans un quartier spécial, confortablement habillés à titre gracieux par l’établissement, bien nourris. Ils disposent de jeux et distractions multiples et sont traités avec toute la bienveillance que nécessite leur malheureuse situation »
Il précise en outre : « la plupart de ces malades sont des aliénés d’avant-guerre, chroniques avant leur incorporation, le plus souvent, et sur lesquels on ne peut espérer obtenir de résultat par un traitement »
Un mal-être parfois insurmontable
Malheureusement, l’amélioration de la prise en charge avec la loi de 1919 ne suffit pas à masquer le mal être de ces hommes psychiquement meurtris. Certains ne s’en relèvent pas comme P. Gondat. Sa veuve espère que l’imputabilité de sa mort à la guerre lui donnera droit à la pension.