AUMAITRE Madeleine
Liernolles
Madeleine Aumaître n’a que 8 ans lorsque la guerre éclate en 1914. Fille d’un couple d’instituteurs, Marie et Gilbert, elle réside alors dans la commune de Liernolles, près du Donjon. En 1974, elle décide de mettre à plat ses souvenirs de la Première Guerre mondiale dans un cahier (voir ses mémoires ). Ayant vécu la guerre de « l’arrière », son témoignage nous donne une idée de la perception de la guerre par les enfants de l’époque.
Le 2 août 1914, jour où les gendarmes viennent annoncer à son père la mobilisation générale, elle se souvient avoir entendu son père dire que sans l’Angleterre la France est « perdue » : elle s’empresse alors de prier afin que l’Angleterre devienne une alliée dans ce conflit. (voir pages 1 et 2 des mémoires). Gilbert Aumaître étant réformé pour « bronchite bacillaire », (voir son registre matricule) il continue d’assumer da ns sa commune ses fonctions d’instituteur mais surtout de secrétaire de mairie. Selon Madeleine, cette dernière devient « le centre de la vie de la commune ». Rassemblement des chevaux réquisitionnés, distribution des tickets de rationnement, signature des permissions, encaissement des allocations pour les familles des mobilisés sont autant de taches qui l’épuisent : « il est maigre et fatigué par un travail sans répit ». La mère de Madeleine, Marie, se dévoue elle aussi en participant aux quêtes au profit des blessés et prisonniers et en tricotant des chaussettes pour les soldats des tranchées (page 5). Madeleine, quant à elle participe à cet élan de solidarité à l’école «On vend des insignes au profit des soldats, blessés, prisonniers, des victimes de la guerre » (page 16)
Toutes les familles sont en attente des nouvelles venues du front : « quand la lettre d’un « Poilu » tarde à venir, l’inquiétude grandit à son foyer ». Dans les premiers mois de la guerre, les femmes et les enfants de Liernolles se réunissent pour prier tous les soirs : « le spectacle est bien triste de cette petite assemblée, vêtue de noir, éclairée par la faible lueur d’un cierge » (page 13). Lorsqu’un de ses oncles est tué lors d’un bombardement en Argonne en avril 1915, elle porte alors le deuil comme sa mère : « je suis toute vêtue de noir. Je suis même coiffée d’un chapeau de crêpe de chine noir » (page 15)
Madeleine obtient brillamment son certificat d’études à 14 ans le 3 juin 1918. Le sujet de composition française est adapté aux circonstances : « Dites pourquoi la guerre actuelle est une guerre sainte » (page 26).
Le 11 novembre 1918, la fin de la guerre est accueillie « comme une résurrection ». Bien des années plus tard, Madeleine revit cette scène « mon père va chercher son violon (…) dans le grand silence nocturne, il joue tous les airs qu’il connaît de mémoire » (page 29).
La guerre finie, en 1919, Madeleine entre comme pensionnaire au lycée à Moulins. Elle poursuit ensuite des études d’ingénieur-chimiste et en 1930, tout juste diplômée, elle devient « sans transition, une simple ménagère » (page 22)