MARTINET Jean
Hérisson
Jean Martinet, cultivateur de la commune de Hérisson est âgé de 25 ans lorsque la guerre éclate en 1914. Il est affecté au 121e Régiment d’Infanterie (voir registre matricule )
Après une campagne aux armées d’août 1914 à janvier 1915, on lui diagnostique la maladie du « pied de tranchées » le 15 janvier 1915. Cette infection est causée par l’humidité et le froid subis dans les tranchées. L’insensibilité touchant alors les pieds peut dégénérer en gangrène si elle n’est pas traitée à temps. Cela vaut à Jean Martinet d’être évacué alors qu’il est au combat au Hartmannswillerkopf (rebaptisé Vieil Armand par les Français, après la guerre).
Dans une carte adressée à sa sœur Victoire le 27 juin 1915, il la rassure sur sa guérison : « Tu me demandes si mes pieds sont bien guéri. Oui malheureusement je me sens plus rien du tout. Je t’assure quand sà voulu guérir que ça a était vite guéri ». Notons ce « malheureusement » qui traduit sans doute la peur de retourner trop vite au combat…En effet, en juillet il est de retour au front. Il est ensuite réformé temporairement par la commission de réforme de Chambéry le 27 novembre 1915 pour des problèmes pulmonaires. La commission de réforme de Montluçon le renvoie au service armé à partir de mars 1916.
Pour Jean comme pour tous les soldats au front, il est très important d’avoir du courrier de ses proches. Ainsi, dans sa carte du 14 décembre 1916, il demande à sa sœur de lui écrire souvent : « Raconte moi toutes les nouvelles que tu peux avoir ». Puis dans une autre du 10 mars 1917, il lui écrit : « continue de m’écrire de temps en temps car tu sais c’est que les nouvelles qui font vivre ». On perçoit alors que son moral ne doit pas être au plus haut. Cette impression est confirmée par la réflexion suivante dans la même carte : « Tu me dis que vous avez la carte de sucre et bientôt celle du pain. Oui c’est bien malheureux mais le civil ne souffrira jamais assez ». Regrette-t-il sincèrement les restrictions subies à l’Arrière ou bien ironise-t-il sur le caractère superficiel de ces dernières vis-à-vis des dangers encourus au combat ?
Le 3 novembre 1917, l’infection du « pied de tranchée » se déclare de nouveau, lui nécessitant d’être hospitalisé à Troyes.
Il est nommé caporal le 28 octobre 1918. Le 9 janvier 1919 il est l’objet d’une citation à l’ordre de son régiment : « Sur le front depuis le début. A participé à toutes les opérations du Régiment. Blessé deux fois. »
Après l’Armistice du 11 novembre 1918, Jean Martinet est encore mobilisé comme nombre de soldats pour occuper les territoires conquis. Le 5 janvier 1919, il écrit à ses parents qu’il travaille dans le bureau de démobilisation et il est visiblement satisfait de son sort : « je suis pas libre mais je suis au sec ». Deux semaines plus tard, le 17 janvier 1919, il écrit à sa sœur qui visiblement s’inquiète de santé : « Tu me dis que tu trouves que j’ai maigri. Pourtant quand je me suis fait prendre, c’était quatre ou cinq (jours) après mon retour de permission ». Victoire réagit peut être à la photo que Jean a envoyée à sa famille fin décembre.
Sans savoir exactement quelle région a occupé exactement Jean Martinet, on lit dans sa carte à ses parents datée du 11 février 1919 qu’il se trouve alors à 3 kms de l’ancienne frontière de 1870 : « nous allons la franchire. Ensuite nous embarquons pour aller plus loin ».
Il est démobilisé le 1er août 1919.
Archives de Jean Martinet en format pdf;